« MonPsy » le nouveau service par l’Assurance Maladie

10 mars 2022 3 min de lecture

En quoi consiste le service ?

Porté conjointement par le ministère des Solidarités et de la santé et l’Assurance Maladie, ce service va permettre aux patients de plus de 3 ans (enfants, adolescents et adultes) en souffrance psychique d’intensité légère à modérée de bénéficier d’une prise en charge par un psychologue remboursée par l’Assurance Maladie. Cette prise en charge est limitée et dépend de l’état de santé du patient. Les médecins pourront lui proposer de suivre des séances d’accompagnement psychologique, à hauteur de 8 au maximum, avec un psychologue conventionné.

Les tarifs seront de :

  • 40 euros pour une première séance permettant la réalisation du bilan initial
  • 30 euros pour les séances de suivi (sept au maximum par an).

Ils comprennent la participation de l’Assurance Maladie à hauteur de 60 % et celle des organismes complémentaires à hauteur de 40 %. En revanche, aucun dépassement d’honoraires ne sera possible.

Les conditions d’accès à ce service sont détaillés dans la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) 2022, dans un décret et un 1er arrêté publiés le 18/02 au Journal Officiel.

Afin de permettre au service d’être efficace, celui-ci doit se constituer pour avril 2022 un annuaire de psychologues partenaires. C’est pourquoi, depuis le 17 février dernier, la plateforme MonPsy est accessible sur le site monpsy.sante.gouv.fr pour tous les psychologues volontaires.

Quels seront les remboursements pour ce service ?

Le paiement du psychologue se fera à la fin d’une ou de plusieurs séances. Une feuille de soins sera à envoyer à l’organisme d’Assurance-maladie afin de recevoir le remboursement. Pour simplifier les démarches, l’utilisation de la carte Vitale se développera dans les prochaines années.

Découvrez le site internet MonPsy et la vidéo explicative du service en cliquant ici

Que pensent les professionnels de cette nouvelle mesure ?

De nombreux professionnels sont contre cette mesure et appellent les psychologues à boycotter le dispositif.

Nous avons interrogé Véronique BORGEL LARCHEVEQUE, psychologue clinicienne en périnatalité :

 

Que pensez-vous de cette nouvelle mesure ?

« Je suis contre, comme une grande majorité des psychologues. Le « Manifeste Psy » communique d’ailleurs beaucoup sur le sujet. Le dépassement d’honoraires est impossible et implique donc que les professionnels soient rémunérés 30€ la séance (à cela se soustrait les charges en profession libérale qui représentent 50 à 60%) donc notre profession est dévalorisée.

Par ailleurs, d’autres aspects sont largement contestables : la limitation des séances pour les patients ou encore le fait qu’ils doivent passer par un médecin, la non prise en charge des patients en situation de mal-être ou de souffrance psychique d’intensité élevée.  Les limitations sont, au final, assez nombreuses. »

 

Pourquoi, selon vous, ce nouveau service ne prend-t-il pas en compte les souffrances psychiques graves ?

« Il est précisé dans le dispositif que les personnes pouvant accéder à cette mesure doivent être dans une situation de souffrance d’intensité légère à modérée. Cela demande donc que le médecin évalue l’intensité de ce mal-être en une consultation. Pour rappel, les médecins généralistes sont moins formés à la psychopathologie que les psychologues, dont c’est notre spécialité.

De plus, ce dispositif est limité à 8 séances par an. Que faire au-delà de ces 8 séances ? »

 

Que préconiseriez-vous ?

« Il faudrait que le gouvernement reconnaisse notre place dans la prise en charge psychopathologique.

Concernant les honoraires, que le dépassement nous soit autorisé afin que notre profession ne soit pas précarisée financièrement.

Concernant le passage obligé par un médecin, c’est tenter de mettre la main mise sur une profession qui n’est justement pas paramédicalisée afin de garder une autonomie sur la prise en charge. Ce dispositif prétend que c’est le médecin le mieux placé pour dire si une prise en charge psychologique doit être continuée ou non…

Je préconiserais donc un dépassement d’honoraires autorisé, un lien avec le médecin traitant (ou autre professionnel de santé de confiance) si le patient le souhaite. Il est indispensable de mettre en place de véritables échanges entre le gouvernement et les fédérations, syndicats et associations de psychologues, dans l’écoute et la bienveillance.

Enfin, la prise en charge d’une partie des séances par les complémentaires santé devrait être envisagée, quels que soient la complémentaire et le contrat choisi par le patient (le dispositif mis en place pour le Covid l’année dernière a très bien fonctionné, bien qu’il fût limité à 4 séances par an). »

L'auteur

  • Chargée de marketing stratégique

    Tiffany Dauchy

    Chargée de marketing stratégique, Groupe Diot-Siaci

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